Mormile Sofia Maria
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Sujet et direction de thèse
Famille, identité, exil. Les Bourbons en Grande-Bretagne (1795-1814), co-tutelle sus la direction de Natalia Muchnik et Patrizia Delpiano (Università degli Studi di Torino).
Thèse dirigée en co-tutelle par Natalia Muchnick (EHESS) et Patrizia Delpiano (Université degli Studi de Turin), soutenue le 23 juin 2022, devant un jury composé de François-Joseph Ruggiu (Université Paris Sorbonne), Paul Chopelin (Université Jean Moulin Lyon 3), Marina Formica (Université de Rome Tor Vergata) et Marco Meriggi (Université de Naples Federico II)).
Résumé : À travers une relecture des sources privées des Bourbons de France, cette thèse vise à étudier les relations entre les différentes branches cadettes de la dynastie de la Révolution à la Restauration. Notre travail propose, en particulier, deux hypothèses. La première consiste à lire la pratique politique des princes du sang dans les premières années de la Révolution comme une tentative de renforcer leur statut aux dépens de celui du roi, dans la lignée de la tradition frontiste des xvie et xviiie siècles. Quelle que soit la couleur politique de leur engagement (soutien aux innovations révolutionnaires, comme dans le cas des Orléans, ou de rejet, comme dans celui du comte d’Artois et des princes de Condé) l’origine sera commune et parallèlement orientée vers la réaffirmation et la redéfinition du statut princier au sein de la monarchie absolue. Cependant, par cette attitude, les princes ont contribué de facto à la chute de ce dernier. La seconde hypothèse propose de montrer que l’élément politique comparé à celui dynastique devient secondaire au moment de la délégitimation générale à laquelle les Bourbons sont confrontés lorsque la monarchie tombe. Lorsque la quasi-totalité des princes se retrouve en Grande-Bretagne, l’exil est vécu par chaque branche de façon différente. Cependant, l’on note que les membres de la famille se fréquentent assidûment et ont une pratique commune de l’espace britannique : les princes partagent connaissances, séjours et traitements. Du point de vue stratégique, la réconciliation entre les différentes branches, qui a lieu à Londres en 1800 et dont les futurs Louis-Philippe et Charles X sont les protagonistes, recompose un front princier autour d’un objectif commun : reconquérir un trône que leurs propres stratégies ont contribué à affaiblir. Les divergences d’opinion des princes relatives aux méthodes de Restauration s’avéreraient alors plutôt des éléments de dialogue au sein d’un groupe dont l’unité est stratégiquement et humainement importante. Dépassant la vision téléologique qui prophétise 1830 et qui domine les biographies existantes sur les Bourbons au moment de la révolution, la thèse replace les relations entre les princes dans leur contexte historique, affirmant l’imprévisibilité de l’avenir et la nécessité de maintenir le privilège dynastique comme garantie de survie politique et sociale.
Abstract: This thesis studies the relationship between the different cadet branches of the dynasty between the Revolution and the Restoration, using the private sources of the Bourbons of France. I will present two hypotheses in this thesis. Firstly, I will show how the political practice of the Princes of the blood in the early years of the Revolution was an attempt to reinforce their status at the expense of the king’s authority, and that in being in line with the frondist tradition of the sixteenth and eighteenth centuries. The political colour of their commitment could certainly vary, going from supporting revolutionary innovations, as in the case of the Orléans, to rejecting them, as in the case of the Count d’Artois and the Princes de Condé. However, the origin of this commitment was common and oriented towards the reaffirmation and redefinition of the princely status within the absolute monarchy. However, with this attitude, the princes contributed de facto to its desacralization and, eventually, to its fall. The second hypothesis argues that the political element was secondary to the dynastic element in the moment of general delegitimization experienced by the Bourbons from the fall of the monarchy in France. As almost all the princes ended up in Great Britain from 1795 onwards, the exile was experienced by all the branches in different ways, although they saw one another quite often and shared acquaintances, journeys and status. In February 1800, the branches reconciled in London. From a strategic point of view, the reconciliation, in which the future Charles X and Louis-Philippe were the protagonists, recomposed a princely front around a common objective: to reconquer a throne that their own strategies had contributed to weaken. The differences of opinion between the princes on the methods of Restoration would then turn out to be elements of dialogue within a group whose unity is important. Going beyond the teleological vision that prophesies 1830 and dominates existing biographies of the Bourbons at the time of the revolution, the thesis ultimately sets the relations between the princes in their historical context, affirming the unpredictability of the future and the need to maintain dynastic privilege as a guarantee of political and social survival.