En hommage à Enric Porqueres y Gené

Lundi 27 mai de 9h à 18h
Colloque international

La chaire de directeur d’études à l’EHESS de Enric Porqueres i Gené, intitulée « La parenté politique », témoignait de sa double compétence d’anthropologue et d’historien en s’organisant autour d’une question centrale : le rôle reconnu à l’individu au sein de la parenté occidentale dans les périodes moderne et contemporaine. Chercheur aux multiples facettes, il a su mettre en perspective des cas variés. Son hypothèse sur la priorité de l’alliance sur la filiation dans le système occidental de parenté, est issue de l’analyse des pratiques matrimoniales des Xuetes, les descendants des Juifs convertis majorquins, qu’il avait pu étudier de manière approfondie, disposant d’archives exceptionnelles. C’est à partir de là qu’Enric Porqueres i Gené s’est intéressé toujours davantage aux représentations de la personne et à la place du corps, du sang et de la reproduction, pour comprendre le langage idéologique et symbolique de la filiation. Il a poursuivi ces recherches aussi bien à propos du mariage chrétien et du droit canon à partir du XIIe siècle, qu’à travers le mouvement nationaliste basque qui, à ses débuts, inscrit la vérité de la patrie dans le sang pur des « nationaux ». Ces quinze dernières années, Enric Porquerès i Gené a poursuivi, approfondi, et considérablement élargi sa réflexion en menant de front trois grands chantiers : un travail comparatif sur les diverses expressions de la raison généalogique en milieu occidental d’abord (Bonte, Porqueres i Gené et Wilgaux, 2011), l’approfondissement du travail historique sur les Xuetes ensuite, enfin, l’étude de la notion de personne dans la parenté européenne contemporaine (Porqueres i Gené 2009). Tout en s’appuyant toujours sur l’analyse nuancée d’un terrain historique précis, Enric Porqueres i Gené s’est efforcé avec constance de contribuer à une théorie de la parenté susceptible d’éclairer le système de parenté européen et d’ouvrir des perspectives comparatistes plus larges (Porqueres i Gené 2015).

C’est autour de ces importants chantiers que le colloque rassemble, dans une journée, un panel international de personnalités avec lesquelles Enric Porqueres i Gené a développé de riches collaborations scientifiques.
L’organisation du colloque est assurée par un comité de coordination composé de Irène Bellier (CNRS, IIAC/LAIOS), Séverine Mathieu (EPHE, PSL, GSRL), Noémie Merleau-Ponty (Université de Cambridge, ReproSoc), Élodie Richard (EHESS, GEI) et Jean-Paul Zuñiga (EHESS, CRH), avec le soutien de l’EHESS, de l’IIAC, du CRH.

Programme

Table ronde « Transmissions », animée par Jean-Paul Zuniga (EHESS, CRH)

  • Alejandro Bilbao (Universidad austral de Chile) : « Le moi pronominal et le moi de la parenté : pour une discussion autour de la notion de transmission »
  • Natalia Muchnik (EHESS) : « Le mariage chueta, un acte d’appartenance ? »
  • Simon Teusher (Universitat Zurich) : « Consanguinity with and without blood »
  • Jérôme Wilgaux (Université de Nantes) : « L’inceste, « noyau irréductible de tout système de parenté » »
  • Francis Zimmermann (EHESS) : « La relecture des classiques : McLennan, Robertson Smith, Durkheim. Aux origines du concept de corps relationnel »

Table ronde « Parenté politique », animée par Irène Bellier (CNRS, IIAC/LAIOS)

  • Joan Bestard (Universitat autonoma de Barcelone) : « Religion, Parenté et Nation dans un village polonais »
  • Elixabete Imaz Universidad del Pais Vasco / Euskal Herriko Unibertsitate : « Désirs et droits. Nouvelles parentalités et don reproductif »
  • Maitane Ostolaza (Sorbonne Université) : « Le sang fertile : terre et famille dans le nationalisme basque, XIXème -XXème siècles »
  • Deborah Puccio-Den (CNRS, IIAC/LAIOS) : « De Cosa nostra à la connexion en danse kizomba : postérité du « corps relationnel »
  • Montserrat Ventura i Oller (Universitat autonoma de Barcelona) : « Personne et individu relationnel : un exemple américain »

Table ronde « Parenté et biotechnologies », animée par Séverine Mathieu (EPHE, PSL, GSRL)

  • Anne Cadoret (CNRS) : « Corps relationnel, parenté et don de gamète »
  • Diana Marre (Universitat autonoma de Barcelone) : « The ‘right to know’ in adoption and assisted reproduction with donation of gametes in Spain: Tensions between the genetic and relational aspects of kinship»
  • Marit Melhuus (Université d’Oslo, Norvège) : « Kinship, gender and the politics of reproductive futures »
  • Noémie Merleau-Ponty (Université de Cambridge, ReproSoc) : « De la généalogie aux générations : in memoriam »
  • Irène Théry (EHESS) : « L’engendrement avec tiers donneur : un défi pour les sciences sociales»
  • Giulia Zanini (Universitat autonoma de Barcelone) : « Préoccupations d’inceste à travers les frontières. Questions et stratégies de la part de parents par le don »

Lieu

EHESS (Salle M. & D. Lombard)
96, boulevard Raspail
75006 Paris