Tavares Rui

Sujet et direction de thèse

Le censeur éclairé ( Portugal, 1768-1777), sous la direction de Bernard Vincent.

Soutenue le 10 janvier 2014, devant un jury composé de :

  • Fernando Bouza Ávarez (Université Complutense de Madrid) ;
  • Roger Chartier (Collège de France) ;
  • Monique Cottret (Université Paris 10) ;
  • Antonio Hespanha (Université Nova de Lisboa).

Mention très honorable avec félicitations à l’unanimité

Résumé

La censure sur laquelle se penche cette dissertation prit corps dans une institution fondée en 1768, la Real Mesa Censôria, qui mit fin aux droits de la censure de l’inquisition et des évêques, abolit la juridiction au Portugal de l’Index Romain des livres interdits et expurgés, et chargea un groupe restreint de censeurs sous contrat et payés par l’État d’examiner tous les textes en papier manuscrits et imprimés. Ces censeurs, que nous suivrons jusqu’à la fin du règne de José ier et du mandat de Pombal comme ministre du Roi en 1777, clôturaient le plus souvent leurs rapports avec la démonstration que le texte en analyse était « digne » ou « indigne de la lumière publique ». Il s’agit d’une expression extrêmement révélatrice ; elle porte en elle une charge historique importante, qui met enjeu ce trinôme « dignité », « lumières » et « publique » si paradoxale dans la plume d’un censeur, en utilisant des mots les plus significatifs que le xviiie siècle ait légué à la postérité. Ce qui nous pose une question plutôt dérangeante : nous avons pris l’habitude de penser les censeurs comme étant les grands ennemis des Lumières et voilà que nous les rencontrons comme ses co-bâtisseurs ? L’histoire de la censure est aussi l’histoire des régimes de pouvoir et de connaissance. La censure dépend, en grande mesure, non seulement du pouvoir, mais aussi de la connaissance ; elle partage avec le savoir de son époque des informations, des concepts, des formes mentales, des pratiques intellectuelles ; serait-il alors possible que la censure du xviiie siècle partage avec les Lumières des éléments tellement centraux que l’on pourrait la considérer davantage comme une censure éclairée que comme une censure anti-Lumières ?