« Ça me fait du bien » : les drogues comme solution à des problèmes

Jeudi 12 octobre de 17h à 20h

Présentation

Alessandro Stella (historien, CNRS-CRH)
Introduction : ‘ça me fait du bien’, usages thérapeutiques des psychotropes

François-Rodolphe Ingold (psychiatre et anthropologue)
Le cannabis et les pharmacopées contemporaines »

Marcos Garcia de Teresa (anthropologue, doctorant IRIS)
‘No es delito, es deleite’. Usage profane et consommation rituelle des champignons psilocybes dans la sierra mazateca au Mexique

Pour cette troisième année du séminaire transdisciplinaire et trans-universitaire sur les drogues, nous avons choisi comme thème général les usages de psychotropes afin de trouver une solution à des problèmes. En effet, la pensée dominante, officielle et institutionnalisée ne voit dans la consommation de drogues que des problèmes (sanitaires, sociaux, policiers). Il y a plus : la loi nous impose l’obligation de parler exclusivement en négatif des drogues, leur présentation sous un jour favorable étant passible de poursuites pénales et financières.
Or, personne ne nie que les drogues, toutes les drogues, qu’elles soient vendues sur le marché noir, en pharmacie ou à l’épicerie, peuvent provoquer des problèmes de toute sorte chez les consommateurs. En même temps nous sommes dans l’obligation de constater que dans les sociétés traditionnelles comme modernes des millions de personnes ont recours à des psychotropes comme solution à des problèmes. Fumer de la marijuana pour se détendre, sniffer de la cocaïne pour se revigorer, manger des champignons psilocybes pour éprouver des sensations inconnues et plaisantes : l’offre variée de plantes naturelles et de substances synthétiques rencontre la demande des différents usages thérapeutiques des psychotropes. Et si le cannabis dit thérapeutique peut être utile dans certaines maladies physiologiques, le cannabis dit récréatif peut être une solution pour des problèmes de stress, de sociabilité ou de manque d’imagination.
Mais la question des drogues continue d’être sous le signe de la schizophrénie culturelle et législative. Si l’Etat, le corps médical et tout un chacun considère normal qu’on puisse consommer des opiacés, des stimulants, des antidépresseurs et des anxiolytiques vendus en pharmacie, afin de soulager des douleurs physiques ou mentales, l’interdiction et l’opprobre continuent de peser sur des substances qui répondent aux mêmes besoins, mais qui restent illégales. La vague actuelle d’overdoses aux opiacés sur prescription aux USA est symptomatique de cette contradiction flagrante dans les politiques publiques en matière de drogues.

Lieu

EHESS (Salle M. & D. Lombard)
Changement de salle pas à l’Amphithéâtre F. Furet comme l’indique l’affiche
96, boulevard Raspail
75006 Paris