L’évolution des consommations d’opiacées en Iran et en Grèce

 Jeudi 11 mai de 17h à 20h

Présentation

  • Maziyar Ghiabi, politiste, post-doctorant Oxford University
    Une histoire du présent des drogues : opium, héroïne et méthamphétamines en Iran
  • Konstantinos Gkotsinas, historien, docteur EHESS, membre rattaché au CRH
    Flux et reflux de l’héroïne dans la société grecque au XXe siècle

Discutant : Michel Kokoreff, sociologue, professeur à Paris 8

Avec nos invités, l’un iranien, docteur d’Oxford, l’autre grec, docteur de l’EHESS, tous les deux spécialistes en la matière, nous aborderons dans cette séance la question de la consommation d’opium, puis d’héroïne, sur un temps long. L’Iran, au cœur du Croissant d’or, et la Grèce, porte d’entrée en Europe des hommes et des marchandises d’Orient, sont des terrains d’observation privilégiés pour comprendre l’évolution des consommations d’opiacés et leurs ressorts culturels et sociaux.

L’Iran est l’un des berceaux de la consommation d’opium, très largement répandue dans la société depuis plusieurs siècles. Utilisé pour ses multiples vertus, médicinales, aphrodisiaques, relaxantes ou provoquant des rêves jouissifs, l’opium a été le long des siècles accepté socialement et nullement stigmatisée par les autorités religieuses. Cette connotation positive de l’opium dans la culture iranienne a permis que sa consommation de masse, partagée par toutes les classes sociales et pratiquée aussi par une partie de la population féminine, s’est maintenue au long des siècles jusqu’à aujourd’hui. Même sous le régime des mollahs, malgré la répression féroce du trafic et de la consommation d’opiacés (la moitié des 150000 prisonniers, environ un millier d’exécutés par an au cours des dernières années, le sont pour trafic de drogue), l’Iran compterait entre 3 millions (selon les autorités) et 10 millions de consommateurs (selon les ONG), sur une population de 77 millions d’habitants. Et la prohibition de l’alcool ne saurait être vue comme une mesure de prévention, d’autant plus que les achats d’alcool de pharmacie ont explosés.

De par ses échanges ancestraux avec le Proche Orient, la Grèce est le pays qui a probablement connu la plus précoce et la plus forte pénétration des drogues venant d’Orient, le cannabis et l’héroïne, dans les premières décennies du XXe siècle. Au point que dans l’entre deux guerres la diffusion de la consommation d’opiacés pousse les autorités publiques et sanitaires à une vaste campagne de répression des usagers et des revendeurs, les centres de désintoxication intégrant le dispositif prohibitionniste.

Lieu

EHESS (Amphithéâtre François Furet)
105, boulevard Raspail
75006 Paris